Citations: Le loup, négatif de l’homme
Le loup est l’animal qui a le plus stimulé l’imaginaire des hommes, comme on peut le constater par les citations qui suivent.
CITATIONS sur le loup et les animaux :
ABESSE Hildegarde de Bingen (Livre des subtilités de la création divine, XIIéme siècle) : L’œil droit du loup, bien salé auparavant, doit être ficelé au bras et porté sur soi le plus longtemps possible afin de guérir des mauvaises fièvres. Les crottes de loup font passer les maux de dents. Il faut pour cela avaler les excréments mélangés à du miel. On prendra grand soin de collecter ces crottes avant qu’elles ne touchent terre. Si on en frotte les brebis, elles ne seront pas dévorées.
ADORNO Theodor (d’après Charles Patterson dans ‘Un éternel Treblinka’) : Auschwitz commence quand quelqu’un regarde un abattoir et pense : ce ne sont que des animaux.
ANONYME du XIIIe siècle : Le loup représente le diable, car celui-ci éprouve constamment de la haine pour l’espèce humaine et il rôde autour des pensées des fidèles afin de tromper leurs âmes
BARTHELEMY l’Anglais (XIIIe siècle) : Le loup est un animal terrible. Sa morsure est venimeuse parce qu’il se nourrit volontiers de crapauds. L’herbe ne repousse plus là où il a passé.
BETTELHEIM Bruno (La psychanalyse des contes de fées) : Nous attribuons au loup ce qu’il y a de plus terrifiant en nous-même.
BIBLE (Genèse) : Soyez féconds, croissez et multipliez, emplissez la terre et soumettez-là…Vous serez un sujet d’effroi pour tous les animaux de la terre…Entre vos mains, ils sont livrés.
BUFFON Comte de (Histoire naturelle) : S’il n’existait point d’animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible… (Le loup) désagréable en tout, la mine basse, l’aspect sauvage, la voix effrayante, l’odeur insupportable, le naturel pervers, les mœurs féroces, il est odieux, nuisible de son vivant, inutile après sa mort.
CARBONE Geneviéve (Plan de conquête de l’Angleterre sous Louis XIV cité dans La peur du loup) : Un loup mange un homme en deux jours, débarquez dix mille loups outre-Manche, en quelques temps, il n’y aura plus un seul anglais.
CONDILLAC (Traité des animaux, 1755) : Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n’était pas un moyen de connaître mieux ce que nous sommes.
COURTELINE Georges: Il est indispensable que les chiens et les chats soient les maîtres de leurs propres maîtres, le devoir des gens qui ont des bêtes étant d’être plus bêtes qu’elles.
CORBEY Raymond (La culture est-elle naturelle ?) : La préoccupation pour des dichotomies : animal-humain, sauvage-civilisé, anciens-modernes, et les prises de position scientifiques qu’elles impliquent est très significative…Dans son ‘Anthropologie naïve, anthropologie savante’ Stoczkowski (…) a montré combien de telles dichotomies déterminent l’interprétation de la culture, de l’antiquité jusqu’à nos jours.
CYRULNIK Boris (L’ensorcellement du monde) : Nous devons certainement renoncer à la métaphore de la coupure, du fossé entre l’homme et l’animal qui nous oblige à choisir entre celui qui parle et celui qui ne parle pas, celui qui a une âme et celui qui n’en possède pas, celui que l’on peut baptiser et celui que l’on peut cuisiner. A cette métaphore tragique qui a permis l’esclavage et l’extermination de peuples entiers a succédé l’avatar de la hiérarchie, où l’homme au sommet de l’échelle du vivant se permet de détruire, de manger ou d’exclure de la planète les autres terriens, animaux et humains, dont la présence l’indispose.
CYRULNIK Boris (Si les lions pouvaient parler – Les animaux humanisés) : Deux dangers menacent l’Homme qui observe les animaux : le premier serait de croire que les animaux sont des hommes. Et le deuxième, de croire que les hommes sont des animaux.
DARWIN Charles (1874) : L’amitié du chien pour son maître est proverbiale et, comme le dit un vieil écrivain : le chien est le seul être sur terre qui vous aime plus qu’il ne s’aime lui-même…On a vu un chien à l’agonie, caresser encore son maître. Et chacun connaît le fait de ce chien qui, étant l’objet d’une vivisection, léchait la main de celui qui faisait l’opération ; cet homme, à moins d’avoir réalisé un immense progrès pour la science, à moins d’avoir un cœur de pierre, a dû toute sa vie éprouver du remords de cette aventure.
DARWIN Charles (1874, citant le Pr Braunbach) : Le chien regarde son maître comme un dieu.
DARWIN Charles (La descendance de l’homme et la sélection sexuelle) : On peut évidemment admettre qu’aucun animal ne possède la conscience de lui-même si l’on implique par ce terme qu’il se demande d’où il vient et où il va, qu’il raisonne sur la mort ou sur la vie, et ainsi de suite. Mais, sommes-nous bien sûrs qu’un vieux chien, ayant une excellente mémoire et quelque imagination, comme le prouvent ses rêves, ne réfléchisse jamais à ses anciens plaisirs, à la chasse ou aux déboires qu’il a éprouvés ? Ce serait là une forme de conscience de soi. …Si les facultés mentales de l’homme différent immensément en degré de celles des animaux qui lui sont inférieurs, elles n’en différent pas quant à leur nature. Une différence en degré, si grande qu’elle soit, ne nous autorise pas à placer l’homme dans un règne à part… Un animal quelconque, doué d’instincts sociaux prononcés…acquerraient inévitablement un sens moral, une conscience, aussitôt que ses facultés intellectuelles se seraient autant développées, ou presque, que chez l’homme.
DASTUR Françoise (Pour une zoologie privative ou comment ne pas parler de l’animal ?) : La zoologie n’est pas seulement une science régionale, pas plus que la philosophie n’est une science de l’essence qui pourrait décrire l’essence de l’animalité sans avoir recours au savoir scientifique.
DESCARTES René (Lettre à Morus, 1649) : Le plus grand de tous les préjugés de notre enfance, c’est de croire que les bêtes pensent.
DESCARTES René (Discours de la méthode) : L’homme doit se rendre comme maître et possesseur de la nature.
DELORT Robert (Les animaux ont une histoire) : A propos du chien : Naguère, rien en lui n’était perdu : son poil garnissait les matelas, sa graisse huilait les rouages, ses os et ses tendons servaient à faire de la colle forte ; même ses crottes avaient comme propriété fort recherchée d’assouplir les peaux de chevreaux en ganterie.
DESCOLA Philippe (Qui sont les animaux ?- A chacun ses animaux) : La plupart des cultures non européennes ne possèdent pas d’équivalent du mot ’animal’.
DIDEROT (Le rêve de D’Alembert, 1756) : «Parle et je baptise!» dit le cardinal de Polignac devant un singe.
DU CAMP Maxime : Ce qu’il y a de meilleur en l’homme, c’est le chien.
DUMOUCH Arnaud (théologien catholique) : L’église n’a jamais pris position sur la question de la vie éternelle pour les animaux. Sur ce point, les Franciscains se sont opposés au courant Thomiste dominant qui n’y croyait pas.
EASTMAN Max : Le rire n’est pas le propre de l’homme. Les chiens aussi savent rire, en remuant la queue.
FONTENAY Elisabeth de (Le silence des bêtes) : Thalès, si l’on en croit Diogène Laërce, se félicitait d’être né homme et non pas bête sauvage, mâle et non pas femelle, grec et non pas barbare… Il y a quelque chose d’insaisissable dans ce mode de manifestation de la virilité qui pousse un certain nombre d’hommes à tuer les animaux tout en prétendant être les seuls à vraiment les connaître et les aimer… Non, aimer et respecter les animaux ne conduit pas inéluctablement à la misanthropie, au racisme et à la barbarie. Oui, les pratiques d’élevage et de mise à mort industrielles des bêtes peuvent rappeler les camps de concentration et même d’extermination… On peut se demander en effet si le champ de la philosophie occidentale-chrétienne ne se constitue pas, à travers son histoire et toujours encore, d’exclure toute remémoration des bêtes.
FONTENAY Elisabeth de (Qui sont les animaux ?) : (Les philosophes) à deux exceptions près, Jacques Derrida et Gilles Deleuze, ont toujours parlé de l’Animal pour l’opposer à l’Homme.
FONTENAY Elisabeth de (Sans offenser le genre humain) : Il faut que la question animale redevienne une question sociale, comme elle l’était pour Michelet, pour Hugo qui, hommes de progrès, requéraient qu’on élargît la cité afin d’y accueillir les bêtes…Ce que nous faisons à tous les vivants doués de sensibilité et porteurs de mondes, il faut en effet savoir que c’est à nous-mêmes qu’en fin de compte nous le faisons.
FERRET Stéphane (Deepwater Horizon) : Pour en rester au domaine philosophique, il est clair que la situation en France en matière d’éthique de l’environnement et d’écologie politique en est au stade du néolithique. S’il faut saluer le travail entrepris pas Catherine Larrère et Hicham-Stéphane Afeissa, il reste que la pauvreté de la plupart des livres sur le sujet et le silence assourdissant des intellectuels est patente. Aucun philosophe français de premier plan n’a produit sur ce thème le moindre texte digne d’être analysé et les quelques livres de philosophes professionnels sont au mieux mal informés, au pire malintentionnés.
FREUD Sigmund (L’inquiétante étrangeté) : L’homme n’est rien d’autre, ni rien de mieux que les animaux ; il est lui-même issu de la série animale, apparenté de près à certaines espèces…Ses acquisitions ultérieures ne sont pas parvenues à effacer les témoignages de cet équivalent, présent tant dans son anatomie que dans ses dispositions psychiques.
GANDHI : On reconnait le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux.
HARDY John (cité par Yves Christen dans L’animal est-il une personne ?) : Dans la plupart de nos pensées et discussions, nous plaçons de façon implicite l’homme au sommet de l’évolution, les autres espèces étant moins complexes que nous…C’est un non-sens, naturellement : elles sont aussi adaptées à leur environnement que nous l’étions à rôder dans la savane africaine.
HOBBES Thomas (Leviathan) : L’homme est un loup pour l’homme (Homo homini lupus)
HORKHEIMER & ADORNO (La dialectique de la raison) : Dans ce monde, privé d’illusions, où les hommes ayant perdu la faculté de réfléchir sont devenus les plus intelligents des animaux et assujettissent le reste de l’univers –quand ils ne sont pas en train de s’entre-déchirer-, respecter les animaux est considéré non seulement comme de la sentimentalité, mais comme une trahison envers le progrès.
HUGO Victor : Il fallait civiliser l’homme du côté de l’homme. La tâche est avancée déjà et fait des progrès chaque jour. Mais il faut aussi civiliser l’homme du côté de la nature. Là tout est à faire.
HRDY Sarah, anthropologue américaine (Les instincts maternels) : Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement.
JEANGENE VILMER Jean-Baptiste (Ethique animale) : La France a une tradition humaniste, qui a également ses avantages, mais qui en l’occurrence signifie anthropocentrisme et se montre donc très soucieuse de maintenir l’homme sur son piédestal et de lui subordonner son environnement.
LA FONTAINE (Le loup et les bergers) : Le chien, un loup rempli d’humanité. La Fontaine (Jean de) : Tout cela est effrayant, tout cela est malheureusement conforme à la réalité, car il y a des loups à deux pieds qui volent, qui ruinent, qui maltraitent ainsi des êtres sans défense.
LA FONTAINE Jean de (Les compagnons d’Ulysse) : Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous/Ne vous êtes-vous pas l’un à l’autre des loups ?/Tout bien considéré, je te soutiens en somme/Que scélérat pour scélérat/Il vaut mieux être un Loup qu’un Homme.
LA FONTAINE Jean de (Préface à Monseigneur le Dauphin, petit-fils de Louis XIV) : Je me sers d’animaux pour instruire les hommes.
LAMARTINE : On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a du cœur ou on n’en a pas.
LANDRY Jean-Marc (Le loup) : Le loup est le berger des bergers. Si tu fais bien ton travail, il ne t’embêtera pas.
LEROY Georges, intendant des chasses royales et collaborateur de l’Encyclopédie (Lettres philosophiques sur la perfectibilité et l’intelligence des animaux, 1781) : Nous sommes même presque étrangers au genre de perfection dont les bêtes sont susceptibles. Jamais, avec un odorat tel que le nôtre, nous ne pouvons atteindre à la diversité des rapports et des idées que donne au loup et au chien leur nez subtil et toujours exercé… Ces idées et ces rapports échappent à la stupidité de nos organes…Nous ne remarquons dans les bêtes que des cris qui nous paraissent inarticulés…De ces préjugés, on conclut assez généralement que les bêtes n’ont point de langage proprement dit. (Les loups en chasse) n’ont pu agir ensemble avec tant de concert sans se communiquer leur projet, et il est impossible qu’ils l’aient fait sans le secours d’un langage articulé…. Pour les bien connaître, il faut avoir vécu en société avec elles et la plupart des philosophes n’y entendent rien…Le naturaliste, après avoir bien étudié la structure des parties, soit extérieures, soit intérieures, des animaux et deviné leur usage, doit quitter le scalpel, abandonner son cabinet, s’enfoncer dans les bois pour suivre l’allure de ces êtres sentants, juger des développements et des effets de leur faculté de sentir, et voir comment, par l’action répétée de la sensation et de l’exercice de leur mémoire, leur instinct s’élève jusqu’à l’intelligence… Nous ne leur communiquons pas notre intelligence, nous ne faisons que développer la leur.
LESTEL Dominique (L’animalité) : Le point d’achoppement central reste toujours celui du langage.
LESTEL Dominique ((Les origines animales de la culture) : Il ne faut plus penser la culture en opposition à la nature, mais prendre conscience de la pluralité des cultures chez des créatures d’espèces différentes.
LEOPOLD Aldo (Almanach d’un comté des sables, 1946) : Un siècle a passé depuis que Darwin nous livra les premières lueurs sur l’origine des espèces. Nous savons à présent ce qu’ignorait avant nous toute la caravane des générations : que l’homme n’est qu’un compagnon voyageur des autres espèces dans l’odyssée de l’évolution. Cette découverte aurait dû nous donner, depuis le temps, un sentiment de fraternité avec les autres créatures ; un désir de vivre et de laisser vivre ; un émerveillement devant la grandeur et la durée de l’entreprise biotique… (A propos d’un loup tué) Je compris alors, et pour toujours, qu’il y avait dans ces yeux-là quelque chose de neuf que j’ignorais –quelque chose que la montagne et elle étaient seules à connaître.
LEVI-STRAUSS Claude (L’homme nu) : (L’homme) insupportable enfant gâté qui a occupé trop longtemps la scène philosophique et empêché tout travail sérieux en réclamant une attention exclusive.
LEVI-STRAUSS Claude (Entretien avec Jean-Marie Benoist dans Le Monde du 21 janvier 1979) : On m’a souvent reproché d’être anti-humaniste. Je ne crois pas que ce soit vrai. Ce contre quoi, je me suis insurgé, et dont je ressens profondément la nocivité, c’est cette espèce d’humanisme dévergondé issu, d’une part, de la tradition judéo-chrétienne, et, d’autre part, plus près de nous, de la Renaissance et du cartésianisme, qui fait de l’homme un maître, un seigneur absolu de la création. J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais-je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c’est en quelque sorte, d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l’espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer entre espèces vivantes humaines et non humaines. Véritable péché originel qui pousse l’humanité à l’autodestruction. Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l’humanité s’attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle : l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même.
LEVI-STRAUSS Claude (Allocution à l’UNESCO en 1971) : Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses pareils n’est qu’un cas particulier du respect qu’il devrait ressentir pour toute forme de vie. En isolant l’homme du reste de la création, en définissant trop étroitement les limites qui l’en séparent, l’humanisme occidental hérité de l’Antiquité et de la Renaissance l’a privé d’un glacis protecteur et, l’expérience du dernier et du présent siècles le prouve, l’a exposé sans défense à des assauts fomentés dans la place-forte elle-même. Il a permis que soit rejetées, hors des frontières arbitrairement tracées, des fractions chaque fois plus prochaines d’une humanité à laquelle on pouvait d’autant plus facilement refuser la même dignité qu’au reste, qu’on avait oublié que si l’homme est respectable, c’est d’abord comme être vivant plutôt que comme seigneur et maître de la création : première reconnaissance qui l’eût contraint à faire preuve de respect envers tous les êtres vivants.
LINNE (1735) : Je ne vois aucune différence qui me permette de distinguer l’homme des grands singes au point d’en faire des genres différents. J’aimerais bien qu’on m’en indique une.
MACMILLAN Ian (ornithologue américain, 1870) : Ce qui compte vraiment dans la sauvegarde des condors et de leurs congénères, ce n’est pas tant que nous avons besoin des condors, c’est que nous avons des qualités humaines qui sont nécessaires pour les sauver car ce sont celles-là mêmes qu’il nous faut pour nous sauver nous-mêmes !
MALEBRANCHE (La recherche de la vérité, 1674) : Les animaux mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir, ils ne désirent rien, ils ne connaissent rien.
MONBODDO Lord : Les orangs-outangs et les enfants sauvages n’ont besoin que d’instruction pour apprendre à parler.
MONTAIGNE : L’amitié du chien est sans conteste plus vive et plus constante que celle de l’homme… Nous sommes mieux en compagnie d’un chien connu qu’en celle d’un homme duquel le langage nous est inconnu. De sorte que l’étranger n’est pas un homme pour l’homme.
MERLE Robert (Le propre de l’homme) : Le propre de l’homme, est-ce le rire ? Mais les chimpanzés rient aussi. Le propre de l’homme, est-ce la raison ? Mais comment la refuser aux dauphins et aux primates, à qui l’on voit faire tant de choses étonnantes qui ne relèvent pas d’un simple dressage ? Le propre de l’homme, enfin, est-ce le langage ? Mais peut-on le dire encore quand on voit un chimpanzé s’exprimer avec les mains comme un sourd et muet ?
PICQ Pascal (Il était une fois la paléoanthropologie) : La belle inquisition, qui en d’autres temps condamnait un Bruno, un Vanini ou un Galilée, est menée aujourd’hui par nos ’humanités’ contre les éthologues et les paléoanthropologues. On les somme ainsi de s’occuper de leurs bêtes et de leurs bouts d’os ; car la question de l’homme n’est pas de leur compétence.
PICQ Pascal (interview dans Science & Vie de septembre 2011) : (A propos du créationnisme) Ces idées d’inspiration religieuse et aussi philosophique rencontrent un succès croissant en France, où l’anthropologie et les sciences humaines restent obstinément antidarwiniennes.
PARABOLE du Tibet : J’ai regardé au loin, j’ai vu quelque chose qui bougeait. Je me suis approché, j’ai vu que c’était un homme. Je me suis encore approché et j’ai vu que c’était mon frère.
PROVERBE amérindien : Dans ce monde comme dans l’autre, prends le loup pour frère car lui seul connaît l’ordre de la forêt.
PROVERBE Inuit (habitants de l’arctique) : Le loup garde le caribou en bonne santé.
PROVERBE populaire : Berger qui vante le loup n’aime pas les moutons.
PROVERBE russe : Fais ami avec le loup, mais garde ta hache prête.
PROVERBE russe : Les loups se nourrissent par leurs pattes.
VERCORS (Les animaux dénaturés) : Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu’ils sont, et ne s’accordent pas sur ce qu’ils veulent être… Mais alors, s’écria Doug, où passe la ligne de démarcation ? Le Pasteur hocha la tête, et, fermant les yeux, murmura : S’il parle, baptisez-le, mais s’il ne parle pas, cuisinez-le.
SAINT AMBOISE (4eme siècle) : Si tu te réfugies dans le Christ, tu mets en fuite le loup, c’est-à-dire le diable.
SAINT FRANCOIS D’ASSISE (Cantique des créatures) : Je te salue mon frère le chien, je te salue mon frère le loup.
VADROT Claude-Marie (Le roman du loup) : Des prêtres-loups, les Luperques,…fouettaient les femmes pour stimuler leur fécondité et sacrifiaient la virginité d’une jeune fille sur le sexe en pierre dressé de Faunus.
WAAL Frans de (L’âge de l’empathie) : L’empathie se construit sur la proximité, la similitude et la connaissance de l’autre –en bonne logique, puisque nous avons évolué pour favoriser la coopération à l’intérieur du groupe. Combinée avec notre intérêt pour l’harmonie sociale, qui exige une répartition équitable des ressources, l’empathie place l’espèce humaine sur la voie menant à des sociétés à petite échelle qui insistent sur l’égalité et la solidarité. Or nous vivons aujourd’hui au sein de sociétés beaucoup plus importantes, où cette insistance se révèle plus difficile à entretenir… Certains scientifiques se transforment en ‘singes de la sagesse’, plaquant la main sur leur bouche et leurs oreilles dès qu’on aborde les états intérieurs des autres animaux.
WAAL Frans de (La politique du chimpanzé, les bases naturelles de la morale) : Après tout, les animaux aussi ont des règles sociales d’entraide et de partage, des modes de régulation des conflits, un sens de la justice et de l’équité.
YOURCENAR Marguerite: Je ne mange pas mes amis.
ZINGG Robert (anthropologue cité par D. Lestel dans L’animalité) : Si les enfants-animaux ont existé, la plupart des cas rapportés ne sont pas dignes de foi …S’il existe des hommes que l’on peut manger et des animaux que l’on ne doit pas consommer, l’opposition radicale entre humains et animaux devient difficilement soutenable.
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