.
Mon dernier livre : Le chien – Un loup rempli d’humanité
.
https://www.youtube.com/watch?v=Sn4uADwF0Bkhttps://www.youtube.com/watch?v=sj3aqE_sIcE
Loupstick loup-star
Où en est l’histoire de l’homme ?https://www.youtube.com/watch?v=ogfGNW0xQBchttps://www.youtube.com/watch?v=s8GqD_8zEf4
Cet article vous a intéressé et vous souhaitez le relayer : utilisez les boutons de partage ci-dessous..../
Article paru dans la revue l’Ecologiste
LA GESTION FRANCAISE DU LOUP EST UN ECHEC
Bien des gens se demandent pourquoi se compliquer la vie en laissant les loups revenir chez nous. Bien des êtres vivants dans la nature semblent inutiles ou même dangereux mais faut-il éliminer de notre monde tout ce qui ne permet pas de faire des bénéfices ? Aucune attaque sur l’homme n’a été signalée en Europe depuis 40 ans que nous disposons de relevés fiables alors que chaque année des dizaines de milliers d’attaques de chiens sont déclarées dont certaines se terminent par la mort. On évalue à plus de 10.000 le nombre de loups qui vivaient dans notre pays contre 600 aujourd’hui (plus de 100 légalement tués/an et peut-être autant de braconnés). Ayant été éradiqués par des primes d’Etat, l’élimination totale datait de 70 ans. En 1992, les loups sont revenus à travers les Alpes et ils posent problème à nos éleveurs ovins qui, cependant, étaient déjà aidés par l’Etat, n’ayant jamais été compétitifs dans une économie mondialisée.
La cohabitation entre loups et moutons est considérée par nos autorités comme impossible alors qu’elle ne pose pas de gros problème dans les pays de tradition pastorale par exemple en Italie et en Espagne où les loups sont deux et quatre fois plus nombreux, l’abattage du prédateur y étant maintenant interdit. Ce paradoxe sera développé dans des articles de cette revue. J’y consacre un chapitre de mon dernier livre[2] montrant que les éleveurs français ont perdu la culture de la protection contre le loup qui leur complique, il ne faut pas le nier, la vie.
Quant à moi, je me demande comment quelques milliers d’éleveurs largement indemnisés par la collectivité, peuvent obtenir l’abattage croissant des loups contre l’avis de 80% des français qui demandent la cohabitation à chaque sondage. Le ministère de l’écologie consulte chaque année les internautes avant de modifier le quota d’abattage : 80% d’entre eux demandent sa réduction mais, chaque année, il est augmenté… Veut-on dégouter les français de la démocratie ? Ces animaux sauvages sont protégés par les lois européennes mais ici les exceptions sont renouvelées…
En pleine expansion à toutes nos frontières, les loups sont impossibles à cantonner puisqu’ils peuvent parcourir 70 km/j, traverser notre pays en une semaine et l’Europe en un mois… Les études nord-américaines[3] démontrent que tuer les plus hardis de la meute, c’est à dire le couple dominant seul à se reproduire, fait exploser la meute et rend les survivants incapables de capturer les animaux sauvages, les obligeant à se rabattre sur les animaux domestiques… Ces tirs transforment les non-reproducteurs fixés dans une meute en des solitaires nomades qui cherchent à des centaines de km un nouveau territoire et un conjoint pour se reproduire et former une nouvelle meute : l’obtention de la paix sociale fait-elle primer la politique sur la science? Notre pays est celui qui dépense le plus en Europe pour se protéger des loups mais plus on en tue depuis 20 ans, plus les attaques augmentent ! Avant de débourser l’argent public, il faudrait au moins s’assurer que les moutons sont bien gardés (bergers + clôtures de nuit + chiens de protection)[4] comme c’est exigé ailleurs…
Une expérience naturelle a été menée involontairement dans le Parc National de Yellowstone aux USA où les loups ont d’abord été éradiqués en croyant favoriser les herbivores. C’est l’inverse qui s’est produit puisque les troupeaux ont été frappés par des épidémies et des famines, la végétation surpâturée et les écosystèmes dégradés ! L’écologie scientifique a ainsi découvert que les superprédateurs se trouvant au sommet des pyramides alimentaires ne profitent pas seulement des herbivores puisqu’ils sélectionnent les plus forts en éliminant les malades (‘effet vétérinaire’), empêchent les surpopulations et les épidémies d’antan : paradoxalement, les loups avantagent leurs proies et constituent la clef de voute des écosystèmes… Laissons expliquer cela en détail dans des articles futurs dans ‘L’écologiste’ mais si vous êtes impatient, plusieurs vidéos illustrent cela sur internet… En ce qui me concerne, l’éditeur m’a demandé de me concentrer sur ce qui est moins connu puisqu’il s’agit de ma thèse incroyable que l’homme et le loup ont convergé dans leur écologie.
L’HOMME EST PLUS PROCHE DU LOUP QUE DU CHIMPANZE
Les loups ne sont pas seulement des ‘animaux nuisibles’ puisqu’ils régulent chevreuils, cerfs, sangliers qui pullulent chez nous en l’absence de prédateurs, faisant beaucoup de dégâts aux cultures et aux plantations forestières, provoquant des accidents automobiles, etc… On finance à la fois l’abattage des sangliers que les chasseurs ne parviennent plus à limiter et celui des loups, leur prédateur naturel qui réglerait le problème en dix ans s’il n’était pas persécuté !
La chasse en meute élargit la niche écologique de ce prédateur opportuniste. Un loup isolé se nourrit de gibier petit ou moyen et de végétaux mais, en équipe, il chasse de manière coordonnée un gibier dix fois plus gros que lui… Cette plasticité de sa structure sociale lui permet d’exploiter le gros gibier pourtant protégé par sa taille. Les relations intimes, qui sont nécessaire entre les membres du groupe pour se coordonner, suppose une sociabilité accrue qui n’est connue que chez une minorité de mammifères. Les orques, les lycaons, les lions disposent de suffisamment de cerveau pour duper leurs proies mais aussi pour coopérer avec les autres membres de la bande et mettre en œuvre des stratégies sophistiquées de capture et de défense.
Or savez-vous que les préhistoriens nous classent aussi parmi les mammifères sociaux qui se sont adaptés à la chasse en équipe du gros gibier ? C’est la niche écologique du loup qu’occupaient nos ancêtres chasseurs-cueilleurs pendant nos 300.000 ans d’existence, jusqu’à ce que nous devenions au néolithique des agriculteurs-éleveurs il y a seulement 10.000 ans. La thèse originale développée dans un de mes livres[5] est que nous ressemblons plus aux canidés sociaux comme le loup qu’aux autres primates qui ne sont pas des prédateurs coopératifs ! Cette comparaison iconoclaste permet d’expliquer notre mélange extrême d’agressivité et de sociabilité… Les loups ont été sélectionnés par l’évolution, comme nous jusqu’à récemment, pour chasser en équipe du gros gibier et donc il existe une convergence écoéthologique qui n’a pas été vue par d’autres auteurs tant elle s’oppose à notre anthropocentrisme. Il n’est donc pas étonnant que nous soyons fascinés par ce fauve et que nous cohabitions si facilement avec son descendant direct, le chien, et pas avec les chimpanzés pourtant nos plus proches parents génétiques, mais avec lesquels nous ne pouvons vivre car ils sont bien plus éloignés de nous sur le plan psychologique !
DECOUVERTE DE L’ENTRAIDE CHEZ LE LOUP
Grâce au séquençage de l’ADN, nous savons que tous les chiens viennent du seul loup gris commun et cela depuis 35.000 ans ! Les anthropologues américains estiment que l’hypothèse classique de loups-charognards qui nous suivaient jusqu’à se faire domestiquer est dépassée parce qu’elle ne permet pas une aussi grande complicité entre les deux espèces que l’adoption. Quand des louveteaux sont capturés dans leur terrier avant d’ouvrir les yeux, ils ne connaissent pas leur espèce et se prennent pour des humains. C’est le phénomène bien connu en éthologie de ‘l‘imprégnation sociale’ : Konrad Lorenz a été souvent photographié suivi de ses oies puisqu’il assistait à l’éclosion afin d’être pris pour leur mère ! Je suis d’autant plus convaincu de cette intégration facile aux familles humaines -la même structure sociale que celles des loups- que j’en ai fait l’expérience sans l’avoir voulu. Personne à ma connaissance n’a élevé un loup dans un milieu aussi confiné qu’un appartement en pleine ville mais j’ai dû le faire parce que la construction de ma maison avec enclos a duré quatre ans…
Il y a un demi-siècle, il était permis en France d’élever chez soi un animal sauvage. Nous avons adopté en famille sans l’avoir prévu un louveteau qui devait être euthanasié par le zoo voisin. A ma retraite, j’ai conté cette histoire de fous.[6] J’avais observé cette louve comme le chercheur en écoéthologie que j’ai été pendant 40 ans au CNRS mais sans penser trouver des comportements nouveaux dans des conditions aussi artificielles. Or nous avons mis en place involontairement une expérience de vie en meute entre deux espèces cohabitant dans cet appartement-tanière.
Nous ne comprenions pas pourquoi Kamala nous ramenait du bout des dents par le fond du pantalon quand nous allions sur le balcon ou qu’elle nous attirait à l’intérieur par la chemise quand nous nous penchions à la fenêtre. Nous avons compris quand, allant nous baigner en famille, elle s’est jetée à l’eau dix fois de suite pour nous ramener à la rive.[7] J’ai transmis mes observations avec photos et vidéos à deux grands spécialistes du loup, David Mech et Luigi Boitani, qui ont estimé que ce n’était pas de l’entraide -jamais rapportée chez cette espèce- mais des jeux et j’ai dû publier dans une revue internationale pour le faire savoir.[8] Pour observer l’altruisme chez le loup, il faut se trouver à l’intérieur de la meute et c’est par chance que nous avons pu l’observer en créant une famille recomposée !
LE CHIEN A-T-IL PERMIS AUX SAPIENS D’ELIMINER LES NEANDERTALIENS PUIS DE SE CIVILISER ?
Approfondissant ces liens entre deux espèces considérées comme ennemies, j’ai conclu plusieurs dossiers sur la domestication du loup[9] en signalant que les chiens sont absents des sépultures néandertaliennes mais abondants dans celles des sapiens. On pouvait donc supposer que nos ancêtres ont été capables de domestiquer le loup pour créer le chien mais pas les néandertaliens. Son aide à la chasse a nécessairement multiplié le gibier par deux à trois comme cela a été montré par les ethnologues qui ont suivi les derniers chasseurs-cueilleurs. Cette abondance de viande a sans doute permis à nos ancêtres d’élever plus d’enfants…
Le crane des humains continue d’augmenter après la naissance car leur volume cervical devient si grand que les femmes ne pourraient pas enfanter sans cette astuce adaptative. L’enfant a donc un grand besoin de protéines et de graisses pendant ses premiers mois. Chez l’adulte, le cerveau est l’organe le plus exigeant pesant 2% du corps mais consommant 20% du métabolisme général ! Les sapiens doivent avoir réduit les risques de mortalité adulte et infantile grâce au supplément de gibier que le chien a permis. Les néandertaliens sont connus pour avoir été peu prolifiques et ils ont donc été submergés par les envahisseurs sapiens qui se reproduisaient plus vite : ils ont été remplacés en quelques milliers d’années comme les amérindiens l’ont été par les colons. Deux ans après que j’ai proposé cette nouvelle hypothèse expliquant la disparition des néandertaliens, une anthropologue américaine a publié un livre parvenant à la même conclusion.[10]
J’ajoutais dans les mêmes articles que les chiens ont vraisemblablement aussi contribué sur des millénaires à la raréfaction du gibier dans la nature. J’ai observé un phénomène similaire au Gabon lorsque le fusil a remplacé le collet et l’arbalète, vidant la forêt équatoriale de ses grands animaux et rendant difficile l’accès à la ‘viande de brousse’ en quelques dizaines d’années. Cette diminution d’apport carné a dû conduire au développement de nouvelles sources comme l’élevage. Parallèlement, la sédentarisation et l’agriculture ont entrainé une explosion démographique puisque les femmes de chasseurs-cueilleurs ne peuvent élever en moyenne plus d’un enfant tous les quatre ans du fait du nomadisme alors que, fixées dans les villages et disposant de céréales, les mères peuvent enfanter chaque année ! Ce bouleversement de stratégie démographique a-t-il déclenché la révolution néolithique lorsqu’agriculture et élevage sont devenus nécessaires pour survivre ? Le chien est-il à l’origine de la civilisation ?
PRENONS MODELE SUR LE LOUP
Mon dernier livre fait la synthèse des connaissances actuelles sur le loup et se veut provocateur dans sa réhabilitation du prédateur. Sur le point d’être éradiqué dans bien des pays comme cela a été fait en France, il est aujourd’hui en pleine recolonisation n’étant plus chassé chez nos voisins. Les études scientifiques ont enfin éclairé les mœurs du loup : les meutes se régulent seules en se partageant l’espace et sans jamais faire disparaître une espèce-gibier ! Le loup est plus écologique que l’homme puisque, comme nous l’avons vu, il avantage ses proies et constitue la clef de voute des écosystèmes. Mon hypothèse la plus hardie suppose que l’homme et le loup ont longtemps convergé dans leur mode de vie de chasseurs en équipe du gros gibier. Mais comme je l’ai rappelé avec la chasse et l’élevage communautaires où il excelle depuis toujours, le loup demeure plus sociable et altruiste que nous le sommes devenus dans nos mégalopoles d’individualistes!
Notre espèce trop conquérante parvient à ses limites démographiques, la planète ayant été entièrement colonisée et exploitée. L’homme risque la surpopulation et les famines tout en faisant disparaitre de plus en plus d’espèces sauvages, ce qui a déclenché la sixième extinction de la biodiversité… Ayant dégradé la nature et le climat, c’est le plus intelligent et le plus culturel des animaux qui disparaîtra s’il continue à ne pas tenir compte des conséquences de ses actes. Je conclus en prenant le contrepied de la haine vouée à ce bouc-émissaire et de la tuerie massive qui en découle : réservons l’abattage aux cas extrêmes et prenons plutôt modèle sur le loup pour nous entraider, pour survivre, nous aussi…
[1] Expression de François d’Assise dans ‘Le cantique des créatures’.
[2] Pierre Jouventin, ‘L’homme, ce mal-aimé qui nous ressemble’, paru en 2021 chez humenSciences.
[3] G.Chapron & A.Treves, 2016, Blood does not buy goodwill : allowing culling increases poaching of a large carnivore, Proc.R.Soc.B 20152939 http://bit.ly/goodwillpaper; A.Treves, M.Krofel, and J.McManus, 2016, Predator control should not be a shot in the dark. Front Ecol Environ 14(7): 380–388, doi:10.1002/fee.1312; A.Bruns, A.Waltert, I.Khorozyan, 2020. The effectiveness of livestock protection measures against wolves (Canis lupus) and implications for their co-existence with humans. Global Ecology and Conservation, 21, e00868
[4] Pour un témoignage d’éleveurs anticonformistes qui expliquent comment ne plus être attaqué, voir sur la chaîne Youtube à mon nom la vidéo ‘Comment élever des moutons au milieu des loups’.
[5] Pierre Jouventin, ‘L’homme, cet animal raté’ publié en 2020 chez Libre & Solidaire.
[6] Pierre Jouventin, ‘Kamala, une louve dans ma famille’, publié en 2012 chez Flammarion (et toujours en vente).
[7] Vous pouvez voir les photos et vidéos sur le site et la chaîne Youtube à ‘pierre jouventin-le génie des bêtes’.
[8] Jouventin, P., Christen, Y., F.S. Dobson. 2016. Altruism in wolves explains the coevolution of dogs and humans. Ideas. in Ecology and Evolution 9: 4–11.
[9] P.Jouventin, 2013, La domestication du loup, Pour la Science 423 : 42-49 ; P.Jouventin, 2014, Le chien a-t-il fait l’homme ?, Sciences humaines 262 : 50-52 ; P.Jouventin, 2015, L’évolution de l’homme sur la piste du loup, La Recherche 498 : 60-66.
[10] Pat Shipman, ‘The invaders-How humans and their dogs drove neanderthals to extinction’, 2015, Belknap-Harvard.
Cet article vous a intéressé et vous souhaitez le relayer : utilisez les boutons de partage ci-dessous....Pierre JOUVENTIN, né le 1er décembre 1942 à Marseille, a été pendant 39 ans Directeur de Recherche CNRS en éthologie des oiseaux & mammifères et pendant 13 ans Directeur de Laboratoire CNRS d’écologie des animaux sauvages. Il est retraité de la fonction publique depuis 2008 consacrant son temps à des conférences, à l’écriture de livres de vulgarisation et à la création de contenu sur internet. Pierre Jouventin a effectué en 1969 un premier séjour de 14 mois en Terre Adélie pour étudier les oiseaux & mammifères marins, en particulier le manchot empereur. Puis il a effectué 20 missions en Antarctique-Subantarctique totalisant près de 9 ans sur le terrain. Il a soutenu un Doctorat d’Etat en sciences à l’Université de Montpellier en 1978 après des études de psychologie puis de biologie. Recruté comme chercheur au CNRS dans le laboratoire de Makokou au Gabon, il a étudié dans la forêt équatoriale pendant 5 ans un babouin, le mandrill. A la fermeture du laboratoire CNRS, il est revenu à la recherche antarctique pour mettre en place une banque de données démographiques de 20 espèces et plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux marins qui, 40 ans plus tard, est toujours actualisée chaque année par ses anciens collaborateurs.
Son domaine de recherche concerne les stratégies de reproduction des oiseaux & mammifères, en particulier marins et antarctiques (écologie évolutive, démographie, communication, écologie comportementale, écoéthologie, biologie de la conservation). Avec ses collaborateurs, il a découvert plusieurs espèces d’oiseaux nouvelles pour la science (albatros, manchots, canard, pétrel) qui étaient confondues avec d’autres et qu’il a différencié par l’éthologie (colorations et chants) puis confirmé par la génétique. En 1990 a été publié le premier suivi au monde d’un oiseau par balise satellitaire, une technique devenue banale. Pendant près de 30 années, il a étudié expérimentalement les systèmes d’identification acoustique des animaux coloniaux (signatures vocales des manchots). Avec ses équipes de 1990 à 2000, il a réhabilité les îles Amsterdam & St Paul (Océan Indien) qui étaient dégradées par les bovins, rats et lapins introduits par l’homme.
Pierre Jouventin a dirigé plusieurs programmes internationaux pluridisciplinaires CNRS sur les ressources de l’Océan Austral. Comme Directeur du laboratoire d’écologie CNRS de Chizé, il a empêché sa fermeture en 1986 et en a fait le laboratoire d’excellence qu’il est toujours dans le cadre de l’Université de La Rochelle. Grace à Hubert Reeves, il a obtenu un rendez-vous avec la Ministre de l’écologie Nelly Ollin et l’a convaincue de créer en 2006 la réserve des îles australes incluant les îles Kerguelen (700.000 ha terrestres & 1.570.000 ha marins) qui a été classée en 2019 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Comme expert de la faune, il a fait partie de la petite délégation française qui a entrainé les autres nations à mettre en réserve le continent antarctique jusqu’en 2048 au moins. Il a réalisé 6 documentaires animaliers au CNDP-SFRS (dont en 1990 avec Thierry Thomas Le paradoxe des empereurs, modèle de La marche de l’empereur) et a obtenu en 2001 le Grand Prix CNRS du Festival International du Film Scientifique pour son œuvre cinématographique. Deux fois lauréat de l’Académie des Sciences et Prix Cushman Murphy de la Colonial Waterbird Society, il a été Secrétaire Général de la Société Française d’Ecologie et Vice-Président de la Fédération Européenne d’Ecologie. Il a publié plus de 230 articles scientifiques originaux dans les revues scientifiques internationales à comité de lecture, un ouvrage aux USA sur la communication chez les manchots, 10 livres de vulgarisation depuis son départ à la retraite dont deux sur le darwinisme et ses retombées sociales. Il milite aujourd’hui pour la cause animale et contre l’anthropocentrisme, se consacrant à la réhabilitation du loup (mise en évidence de l’altruisme chez cette espèce et parenté avec ses descendants canins) ainsi que plus généralement à la gestion des animaux sauvages comme le sanglier. Il défend la thèse originale que le loup et l’homme sont proches parce que leurs niches écologiques, la chasse en équipe du gros gibier, étaient identiques jusqu’à la sédentarisation, ce qui explique leur mélange d’extrême agressivité et de sociabilité.
Ouvrages
Mai 2022 Darwin (presque) facile chez Delachaux et Niestlé.
2021 Le loup, ce mal-aimé qui nous ressemble chez humenSciences.
2020 L’homme, cet animal raté-Pourquoi nous détruisons la planète chez Libre & Solidaire (réédition augmentée)
2020 Guide d’éducation éthologique du chien chez Ulmer (avec Guillaume Richard)
2019 Ecologie du vivant-Regards croisés sur l’effondrement en cours chez Libre & Solidaire (avec Serge Latouche & traduit en italien)
2017 Why penguins communicate-The evolution of visual and vocal signals chez Academic Press-USA (avec Stephen Dobson)
2016 Les confessions d’un primate-Histoires de pingouins, de babouins et de sagouins chez Belin (réédition augmentée en livre de poche)
2014 La face cachée de Darwin chez Libre & Solidaire
2014 Trois prédateurs dans un salon : le chat, le chien et l’homme chez Belin
2012 Kamala, une louve dans ma famille chez Flammarion (Prix de l’Académie Vétérinaire & traduit en italien)
1982 Visual and vocal signals in penguins chez Paul Parey (traduit en japonais en 1992)
Trois articles parus dans la plus grande revue scientifique
1983. Discovery of a new albatross. Nature, 305 : 181 (Jouventin P. & Roux J.P)
1990. Satellite tracking of Wandering albatrosses. Nature, 343 : 746-748 (Jouventin P. & Weimerskirch H.).
2001. Mother’s voice recognition onset in fur seal pups. Nature, 412 : 873.(Charrier I., Mathevon N., Jouventin P.)
Cet article vous a intéressé et vous souhaitez le relayer : utilisez les boutons de partage ci-dessous....Kamala louve qui devait être euthanasiée a été proposée par le directeur du zoo de Montpellier à Pierre Jouventin chercheur au CNRS sur le comportement des animaux. La famille l’a adoptée et elle a vécu avec eux, ce qui a permis de découvrir que l’entraide existe chez le loup ce qui était inconnu par la science ! ici les enfants de l’école maternelle du 20ème arrondissement de Paris interprètent l’histoire qui leur a été contée par leur éducatrice Martine Dubois.
Dans les Alpes-de-Haute Provence, Ingrid Briclot et André Morel vivent entre deux meutes de loups. En 2010, leur troupeau a été attaqué par le prédateur. Depuis, ils ont renforcé leurs moyens de protection : patous, clôtures… et n’ont plus subi de pertes.
Video « Nice Matin Solutions »
Interview donnée au Midi Libre
Pourquoi ce titre pour votre livre : L’homme, cet animal raté ?
Parce que notre espèce est incapable de s’adapter à long terme à son milieu comme le fait n’importe quel animal moins intelligent. Comme directeur de recherche au CNRS et comme directeur de laboratoire d’écologie, j’ai passé quarante ans à suivre les animaux sauvages dans la nature. Après avoir étudié de près une vingtaine d’espèces, passé plus de huit ans en Antarctique et sur les îles qui l’entourent, trois ans en forêt équatoriale au Gabon, j’ai voulu appliquer mes connaissances à l’animal le plus énigmatique, celui qui s’est « auto-domestiqué », comme disait Konrad Lorenz, c’est-à-dire à l’homme. Donc je l’étudie en naturaliste dans ce livre en appliquant les découvertes récentes en paléoanthropologie, génétique, écologie scientifique, éthologie…
À votre avis, si on mettait les êtres humains les uns contre les autres debout, quelle serait la surface géographique qu’ils occuperaient ?
Je ne sais pas.
On n’est pas loin de 8 milliards, et donc à quatre par mètre carré, ça tient dans le Lac Léman. Comment expliquez-vous que des quasi-bactéries qui tiennent dans le lac Léman aient réussi à foutre en l’air la planète aussi vite ?
C’est tout l’objet de mon livre. L’Histoire commence il y a quelques milliers d’années alors que notre espèce est vieille de 300 000 ans et la famille humaine de 2,5 millions d’années.
À partir de la révolution néolithique, il y a seulement 10 000 ans, on se sédentarise en passant à l’élevage et à l’agriculture. On change radicalement de mode d’exploitation de la nature et de démographie. Au lieu de faire un enfant tous les quatre ans, les femmes mettent au monde presque tous les ans.
Tous les animaux savent éviter de se trouver en surnombre et se régulent alors que, sur notre voiture, il n’y a pas de marche arrière. De nombreuses personnalités se rendent compte qu’on va dans le mur mais, collectivement, c’est le déni. Surtout par ceux qui nous dirigent et dont le mandat ne dépasse pas cinq ans.
Le système capitaliste est fondé sur la compétition. Si celle-ci est naturelle, il existe une autre force naturelle : la coopération. Aujourd’hui, le social, qui est indispensable à notre équilibre, est mis sur la touche et il ne reste que la compétition car elle rapporte. Et c’est pour cette raison que l’écologie est une science subversive, remettant en question un « développement infini dans un monde fini ».
[…]
Comment vivent les loups ? Quelles menaces représentent les loups ? Comment le loup a-t-il survécu à ses légendes ? Comment envisager un retour du loup ?
Et pour évoquer ce problème, cette peur ancestrale, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Pierre Jouventin, directeur de recherche CNRS en éthologie, auteur entre autre de « Kamala, une louve dans ma famille » chez Flammarion et nous sommes en duplex depuis les studios de nos camarades de Jean-Marc Moriceau, professeur d’histoire moderne à l’Université de Caen et président de l’Association d’histoire des sociétés rurales.
Interview donnée sur France Bleu le 17 Janvier 2017 : Les animaux dans les cirques
Les français, dans leur grande majorité, n’acceptent plus que les animaux soient utilisés dans les cirques. Le maire de Montpellier vient d’annoncer qu’à partir de 2019 sa ville n’accueillera plus de cirques avec animaux vivants. Montpellier vient ainsi grandir une liste de villes qui refusent cette aliénation des animaux. Invité de France Bleu Hérault mercredi 17 janvier, Pierre Jouventin, Docteur en éco-éthologie à l’université de Montpellier, spécialiste du comportement animal et membre de la Convention Vie et Nature, décrypte cette dynamique du refus qui ne peut que s’amplifier.
Cet article vous a intéressé et vous souhaitez le relayer : utilisez les boutons de partage ci-dessous....
En 40 ans comme Directeur de recherche CNRS en éthologie et 13 ans comme Directeur de labo CNRS d’écologie des animaux sauvages , j’ai étudié 20 oiseaux & mammifères et publié 230 articles scientifiques dans les revues internationales. Cette chaîne complète par des vidéos mes récents livres ‘grand public’ de retraité en donnant les bases de la biologie évolutive actuelle en commençant par Darwin. Il décrit la faune de l’Antarctique-Subantarctique où j’ai passé prés de neuf ans pour mes recherches, ainsi que la forêt équatoriale. Il décrit la cohabitation imprévue avec un loup et la découverte de l’altruisme. Il remet en question la gestion de la faune sauvage française et remplace les légendes sur le loup (et le sanglier) par les dernières données scientifiques qui prouvent le contraire de ce qu’on raconte.
Pour accéder à ma chaîne cliquez sur ce lien …https://www.youtube.com/channel/UCygAHaq2k7w9SjRTHPMV7pQ/about